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Proposer l’anonymat des communications, un enjeu politique et technique

hadopi [1] Les fondateurs du site idopah.net, lancé fin avril en riposte à la loi Hadopi, expliquent comment ils espèrent contourner la loi…

Né d’une volonté de riposte à la loi Hadopi, définitivement adoptée mercredi [2], Ipodah.net [3] s’inscrit dans la lutte des opposants au texte qui s’organise sur la Toile [4]. Ce site propose un service de cryptage des adresses IP, aux internautes qui surfent sur le Net, ce qui pourrait faciliter le téléchargement illégal. Ses fondateurs, qui préfèrent garder l’anonymat, invoquent la nécessité de s’opposer à une loi jugée injuste et abusive. Interview.

Pourquoi avoir lancé ce site?
Après plusieurs voyages et déplacements, nous nous sommes aperçus que de nombreux hotspot Wi-Fi dans des cafés, des hôtels ou des aéroports n’étaient pas sécurisés du tout. N’importe quelle personne assise à côté de nous avec son ordinateur portable pouvait lire nos emails, voir quels sites web on consultait etc. L’idée de fournir un système de connexion à Internet par VPN nous trottait donc déjà dans la tête depuis un bon moment, afin de sécuriser les communications. L’adoption de la loi Hadopi nous a poussés à réagir, comme The Pirate Bay l’a fait en Suède avec IPREDator. C’est ainsi qu’est né Ipodah.net. L’enjeu est à la fois politique – prouver que la loi est dépassée avant même d’être appliquée – et technique – sécuriser les communications et proposer l’anonymat à des millions de Français.

Quelles menaces la loi Hadopi fait-elle peser sur les internautes selon vous?
Elle est condamnable pour deux raisons. Tout d’abord parce qu’elle va à l’encontre des droits fondamentaux en instaurant une commission qui va se substituer à la justice. Or, dans le droit français, toute personne a droit à un procès équitable devant un juge. De plus, les responsabilités ne sont pas très claires et c’est à l’internaute de prouver son innocence. Ensuite, nous pensons que le droit à un accès Internet est fondamental pour l’ensemble des foyers français. Hadopi permet de fermer cet accès sans décision de justice, un pouvoir scandaleux et indigne d’un pays civilisé comme la France.

Le site en est à sa version bêta. Quand pensez-vous le lancer définitivement?
Le défi technique et surtout juridique est assez difficile à relever. Ce n’est pas pour rien que le service suédois n’est pas sorti de sa version bêta depuis de nombreuses semaines. Pour Ipodah, nous avons prévu une fourchette large de quelques semaines à 3 mois. Compte tenu de l’enjeu, il faut bien préparer le service.

Combien d’internautes avez-vous attirés depuis votre lancement?
En deux semaines, nous avons recueilli pas loin de 10.000 inscriptions. Beaucoup sont sur liste d’attente pour ne pas écrouler nos serveurs actuels. Nous avons fait très peu de pub mais le succès nous a bien rattrapés, les informations vont très vite sur le Net.

Avez-vous fixé un prix en deçà duquel vous ne développerez pas votre VPN?
En dessous de 4 ou 5 euros par mois, il sera difficile de maintenir une infrastructure technique de qualité. Je m’avance beaucoup en vous donnant ces informations, car nous sommes encore loin d’avoir tout chiffré. Et la loi Hadopi doit encore passer devant Conseil constitutionnel (suite à une requête que devrait déposer l’opposition, ndlr). L’invalidation de la loi aurait un impact certain sur le service et nous obligerait peut-être à voir plus petit et à revenir à notre idée initiale, à savoir proposer un service pour se connecter en toute sécurité à un hotspot Wi-Fi. Ce marché de niche serait donc plus cher. Mais si la loi passe le Conseil constitutionnel et n’est pas inquiétée par le droit communautaire européen, il nous faudra voir grand, ce qui aura comme conséquence de faire baisser le prix par abonné.

Où en êtes-vous de vos discussions avec les Pays-Bas pour vous implanter là-bas?
Les Pays-Bas sont le point névralgique d’Internet en Europe, avec le plus gros point d’échange de trafic Internet. Nous avons donc déjà des contacts pour la connectivité à Internet et l’hébergement des serveurs. C’est surtout la partie juridique qui nous pose problème. Nous sommes des ingénieurs passionnés, pas des juristes.

Lire l’article sur : Idopah.net [5]