Internet : évolution et régression
Sur recommandation d’un ami, je suis tombé il y a peu de temps sur une vidéo très intéressante, en cela qu’elle remet un peu les choses à plat sur la réalité d’Internet. Je vous propose de visionner cette conférence de Benjamin Bayart avant de lire ma réflexion sur le sujet. Pour info, la vidéo dure un peu plus d’une heure, mais le sujet est tellement intéressant et le ton si particulier que vous ne pourrez le vivre mal !
Internet libre ou Minitel 2.0
Minitel 2.0 par Benjamin Bayart from gaspard on Vimeo.
Note
- Vous pouvez suivre la conférence avec le support PDF reprenant les slides projetées et même télécharger la vidéo.
- Vous pouvez éventuellement ensuite lire l’interview réalisée par Ecrans.fr du conférencier, président de FDN (le plus vieux FAI)
La structure d’Internet
De par son histoire et sa création, Internet est construite comme une immense toile ou chaque PC est un nœud du réseau. La communication (l’envoi et la réception de trames) se fait de manière décentralisée. Auparavant, avec le Minitel, il fallait se connecter au serveur central pour récupérer les informations. Si le serveur central disparait, le réseau tombe. Internet permet en cela de survivre de manière autonome même si certains nœuds disparaissent du réseau. De plus tout le monde réagit comme à la fois client et serveur.
L’évolution de l’informatique montre ainsi que l’intelligence s’est déplacée du centre vers la périphérie. Le contenu s’est installé sur chaque PC afin que chacun en soit maître.
Des services Web centralisateurs
Le constat qui peut être fait aujourd’hui est que nous sommes revenus à un état d’Internet centralisé, une sorte de Minitel 2.0. Tous les services grand public proposés sur le WEB demeurent complètement centralisés :
- la vidéo (Dailymotion, Youtube)
- l’image (FlickR)
- l’hébergement (Rapidshare, Megaupload)
- les sites perso (skyblog, overblog)
- les sites sociaux ou communautaires (FaceBook)
- les moteurs de recherche (Google, MSN, Yahoo)
- les logiciels de messagerie instantanée (MSN, GTALK, ICQ)
- les webmails (Hotmail, Gmail, Yahoo)
- etc….
Bref, tous les services proposés s’avèrent être centralisés, le contenu, les créations des internautes ne leur appartiennent plus puisqu’elles sont concentrées dans des endroits “uniques”. Les différents leaders peuvent ainsi manipuler et orienter les comportements des internautes qui ne feront que s’adapter à l’offre.
Mais quel est le problème ?
Internet n’a jamais été cela. Internet est un réseau “acentré”, un système autonome qui survit de lui-même par la “volonté” de tous ces nœuds. Quel est le problème me direz-vous ? De la centralisation naît le contrôle.
Si un site d’hébergement de vidéos décide de supprimer une vidéo, vous n’y pourrez rien alors même qu’il s’agit de VOTRE vidéo. Vous n’êtes plus maître de vos œuvres.
Si un gouvernement décide de filtrer tous les sites, d’en labelliser certains (loi Hadopi et loi LOPSSI 2), ils n’ont qu’à l’imposer aux 4 gros FAI existants ; ceux-ci rassemblent 17 millions de français (99% des internautes). Ces FAI n’ont pas d’autres choix que d’obéir à la loi : Internet dérive alors totalement de sa fonction originelle.
Avec les DRM, les brevets, le filtrage et le monopole qui en découle, Internet devient propriétaire et pris en otage par quelques groupes très puissants alors que par essence, nous devrions, intrinsèquement, en être les seuls composants déterminants.
Les solutions ?
Benjamin Bayart évoque plusieurs solutions :
L’auto-hébergement
S’héberger soi-même pour maîtriser son contenu. Malheureusement, aujourd’hui, cela s’avère difficilement faisable. Pour cela, il faut devenir son propre FAI. Tout ceci demande des connaissances techniques importantes pour l’internaute lambda et surtout faisables. Un trafic important sur votre serveur Web et vous pouvez oublier votre Box pour assurer un débit suffisant.
Je pense qu’en cela, il faut plutôt se diriger vers un hébergement de type associatif. …
L’éducation
Faire prendre conscience des enjeux et des dérives d’Internet n’intéresse, il me semble, qu’une minorité de personnes. J’espère d’ailleurs y contribuer avec ce modeste article. Mais quoi qu’il en soit, Internet – et la notion même, très liée, de liberté – résiste à sa manière avec l’essor du P2P. Quelque part, le Peer to Peer correspond à un retour aux origines : le centre disparaît au profit de connexions de nœud à nœud directes. C’est d’ailleurs pas étonnant s’il existe une volonté conséquente à vouloir le contrôler : si les connexions sont décentralisées, sécurisées et anonymes, il devient alors impossible d’imposer son modèle économique.
Internet n’est donc pas mort et se renforcera, aussi étonnant que cela puisse paraître, à chaque coup qui lui sera porté. Ne restons pas passif, ne subissons pas ce retour en arrière et réapproprions-nous cet espace de liberté !
Devenir un acteur d’Internet
Mais la prise de conscience ne suffit pas, les moyens techniques doivent suivre : un internaute réceptif à cette problématique ne s’intéressant pas à la technique devrait pouvoir, simplement, rester maître de son contenu. Simplicité mais également puissance sont ainsi nécessaires pour l’auto-hébergement et un accès Internet autonome. D’ailleurs, peut-être que se développeront à l’avenir, et à grande échelle, certaines solutions permettant de se passer totalement de FAI ou alors permettant de revenir à une pluralité massive de FAI.
Cela est déjà possible avec le réseau FON (Toonux, FON) . Vous achetez un boitier wifi, une Fonera, avec le firmware Open-Mesh et vous recréez un réseau maillé de pairs à pairs pour partager vos dossiers et votre connexion Internet. Le Wifi Mesh est un réseau maillé sans fil point à point, décentralisé. Ce roaming est d’ailleurs déjà utilisé par le Wimax et la 3G.
Réaction des FAI
Une autre conférence de Benjamin Bayart sur le même thême, cette fois-ci devant les ISP (FAI) et non des étudiants du monde libre (il est intéressant de voir la réaction des FAI face au problème posé) :
Et Vous ?
Et vous, que pensez -vous de l’Internet d’aujourd’hui ? D’ailleurs, vous avez une utilisation Internet ou une utilisation Minitel de votre connexion ?
Lire l’article sur : Batou.fr…
article publié par Batou sous licence Art Libre
Une réflexion sur « Réflexion sur l’évolution d’Internet : un Internet libre ou un minitel 2.0 ? »